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Projet de restauration du remorqueur le Jacques par Agnès GOIFFON (EDC70) et Marc GAZOUNAUD (EDC65)

04 juin 2021 Interview
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Entretien avec Agnès GOIFFON (EDC 1970) et Marc GAZOUNAUD (EDC 1965) 

concernant leur projet de restauration du remorqueur le Jacques :

 

Introduction : Agnès et Marc font partie des anciens et sont membres actifs de l'association Force EDC Alumni. Ayant parlé du projet de restauration d'un ancien remorqueur amarré à Conflans Sainte Honorine au Président Bruno ROSE, il nous a suggéré d'en faire un entretien écrit, ce qu'en le remerciant, nous faisons avec grand plaisir.

 

Tout d'abord, pourquoi le nom de "Jacques "?

 

Agnès : C'est un prénom de la famille GOIFFON, cher à mon grand-père.

 

Et c'est quoi le Jacques ? 

 

Agnès : Le Jacques est un remorqueur de Seine de début de siècle, construit en 1905, et  dernier exemplaire de la série des "guêpes" de 1900.

 

Pouvez-vous nous parler de son histoire ?

 

Agnès :  Fleuron de l’entreprise de Travaux Publics et de dragage GOIFFON et JORRE (G & J), la construction du Jacques commence en 1905.  

Sa coque est en acier riveté, et est équipée d'une machine à vapeur.

En 1959, la machine à vapeur et la chaudière sont remplacées par deux moteurs diesels BAUDOUIN de 150 cv chacun. La cheminée sera   raccourcie à cette occasion, et recevra les tuyaux d'échappement de ces 2 moteurs diesel.

En 1964-1965 il sera équipé d’un front de poussage.

En 1986, le Jacques,  après de bons et loyaux services,  est laissé à l’abandon dans le bras mort de l'île de la loge à PORT MARLY au chantier GOIFFON et JORRE.

Hélas, il se détériore et, victime des intempéries, il devient une épave.

 

Et alors, quels ont été les différents propriétaires du Jacques ?


Agnès : En 1905, le Jacques est commandé aux chantiers RANCELANT et OLLIVAUD à Choisy-le-Roi par la sté GOIFFON et JORRE.

En 1972, la société MORILLON-CORVOL reprend les entreprises   COURBOT, GOIFFON et JORRE qui devient EMCC (Morillon - Corvol et Courbot).

En 1996 l'ASSOCIATION des AMIS du MUSÉE de la BATELLERIE (AAMB) fait l’acquisition du Jacques, pour un euro symbolique,  et lance les travaux de la restauration.

 

Parlez- nous un peu de cette Association 

 

Marc :  C'est une association de loi 1901, créée en 1970, située dans les mêmes locaux que le musée de la Batellerie, 3, place Gévelot - 78700 CONFLANS SAINTE HONORINE.

 

Et c'est quoi la Batellerie ?

 

Marc : C’est l’industrie du transport de marchandises par bateaux sur les fleuves, rivières, canaux et l’ensemble des bateaux qui la servent.

 

Et quel était le rôle de la société familiale de votre père ?

 

Agnès : L'entretien du lit de  la Seine, 

le dragage à la sortie des égouts, car il n'y avait pas de stations d'épuration. 

Le dragage au moment de la modernisation des ponts.

Le dragage pour la réalisation du passage sous la Seine des lignes du métro et du RER, 

Le dragage lors de la suppression ou modernisation d'écluses

Sachez qu'il existe d'autres sociétés qui draguent pour récupérer le sable et les granulats de la Seine, ou dans des carrières proches de la Seine.

 

Parlez nous du Musée de la Batellerie 

 

Agnès : C’est non seulement une galerie de 6 espaces d'expositions, avec maquettes et documents, d'objets réels concernant des parties de bateaux, mais aussi tout ce qui sert à la navigation mécanisée, à la batellerie en général, et aussi un centre de documentation pour étudiants et chercheurs sous la direction du conservateur scientifique Laurent ROBLIN.

 

Et quelles sont ses actions ?

 

Marc : Aspect historique : Présenter la voie d’eau comme élément déterminant de la structure des régions, ayant contribué aux grandes étapes de l’évolution économique et sociale de notre pays.

Aspect économique et écologique : Intérêt du transport de marchandises par voie d'eau.

Aspect patrimonial : Comme aider l'AAMB dans sa recherche de documents archivés au musée qui permettront au Jacques, en tant que monument historique d'être restauré.

Aspect humain : la vie à bord d’une péniche.

 

Agnès : L’Association des Amis du Musée de la Batellerie a pour objectif, comme toutes les associations d’amis de musées, de renforcer l’influence du Musée de la Batellerie de Conflans Sainte-Honorine et participer à son développement.

Outre la publication de deux cahiers du Musée par an, réalisée par le conservateur et une équipe de bénévoles, elle a plusieurs autres fonctions : collecte des dons, gestion des adhérents, gestion d’une boutique (toutes sortes d’articles tels que posters, cartes postales, livres, T-shirts, porte-clefs etc…) promotion du musée, participations à des stands lors d'événements fluviaux dans différentes villes de France. 

 

Que veut exactement l'Association ?

 

Agnès : Elle a voulu élargir son action en participant au mouvement du patrimoine fluvial. 

Son intention est de donner au Jacques la possibilité de naviguer de nouveau comme à l'origine avec une machine à vapeur.

Le Jacques est l’un des derniers témoins de l'âge d’or de la batellerie. Complètement restauré, il s'impose comme l’élément essentiel de l’image du Musée et de sa ville. Le Jacques serait le premier remorqueur Français naviguant avec une machine à vapeur.

Sachant qu'en Hollande, en Belgique, au Royaume Uni, plusieurs remorqueurs fonctionnent avec une machine à vapeur.

Avec le musée de la Batellerie, l'AAMB est totalement engagée dans le mouvement de la sauvegarde de notre patrimoine fluvial. Cette opération présentée ici montre, qu’avec beaucoup de bonnes volontés, il est encore possible de sauver les derniers grands témoins de notre passé fluvial. 

 

Qu'a fait l'association pour réhabiliter le Jacques ?

 

Agnès : En 1996, les premiers travaux débutent en octobre, en cale sèche, la coque est vidée de ses 2 moteurs à l'extérieur, EMCC enlève le front de poussage et offre l’ancienne hélice de secours qui a été retrouvée (3 pales et 1,40 m de diamètre). Elle est mise en place par des bénévoles.

En Décembre 1996 : Remise à l’eau du Jacques.

En 1997, elle obtient son classement au titre des Monuments Historiques.

Les travaux continuent pour remettre les rambardes et rendre à l’extérieur son aspect original.

En 1998, les travaux de chaudronnerie se poursuivent (cambuse, portes et hublots surmontant la salle des machines).

En 2000, la cheminée a été refaite comme à l’origine.

En 2003, la coque est terminée et expertisée.

En 2004, le lycée de Bezons reconstitue le mécanisme pour abaisser la cheminée.

En 2005, mise en place d’un groupe d’étude chargé d’établir le cahier des charges  de l'ensemble propulseur (chaudière + machine). 

Il s’ensuivit que 2 études devaient être portées pour cette restauration. L’une pour la restauration du groupe propulseur, l’autre pour la restauration intérieure du Jacques.

En 2006, elle a constitué un nouveau groupe d’étude à qui elle a confié le soin d’étudier la faisabilité technique de la restauration du groupe de propulsion.

En 2007, nous obtenons les résultats et recommandations pour la motorisation du Jacques.

Jusqu’en 2013, elle s’est occupée du 2ème remorqueur, le TRITON 25, dernier remorqueur construit en 1954 ainsi que de la bigue (ponton/grue).

 

A combien estimez vous le montant des travaux déjà financés ?

 

Marc : Jusqu'en 2003 environ 93 000 €. De 2003 à ce jour environ 114 000 €, soit environ 207 000 € dont 50% de subventions au titre des Monuments Historiques, 30% accordés par le Conseil Départemental et 20% par les fonds propres de l’association.

En 2020, Le Jacques est reconnu Organisation d'Intérêt Général (avantage fiscal de 66% pour les particuliers et 60% pour les entreprises.)

 

Avez-vous pu définir un budget global pour cette restauration définitive ?

 

Agnès : Oui, étant précisé que pour ce faire, l'association dispose de l’apport essentiel du travail des bénévoles, en majorité des mariniers à la retraite, de la grande bienveillance des entreprises et de la participation parfois d’un établissement de l’éducation nationale, le tout sous le contrôle scientifique du conservateur du Musée, Monsieur Laurent ROBLIN.

Nous savons que nous avons encore de nombreux travaux de restauration à finir, comme la protection de la coque extérieure (le liston), une restauration de propulsion (moteur et chaudière), une restauration intérieure : soit, les vaigrages des 2 cabines  et leurs planchers, des travaux d'électricité, de raccordement des pompes de cales, les peintures intérieures et extérieures et la passerelle qui permettra aux bénévoles d'accéder plus facilement sur le Jacques pour amener du matériel, et qu'ils puissent ainsi restaurer le bateau.

 

Marc : Prévisions pour la restauration du groupe propulseur : A ce jour des devis sont en cours d’élaboration. La solution choisie se situera vraisemblablement autour de 500 000 €, soit 150 000 €, compte tenu des différentes subventions attendues.

Pour la restauration de la coque, (le liston) les devis s'élèvent à 14 000 €, étant précisé que certains travaux ont été suspendus compte tenu des restrictions sanitaires liées à la Covid 19.

Pour la restauration intérieure, nous disposons également de devis très précis, dans les différentes restaurations que vous a précisé Agnès, (le vaigrage des planchers et plafonds, les travaux d'électricité, le raccordement des pompes, les peintures et la passerelle.) 

Nous estimons cette restauration intérieure à 58 000 €.

Ce projet s'élève donc à environ 575 000 €, dont 70% devraient être pris en charge par les subventions de la DRAC, le Conseil Général d’Ile de France et la ville de Conflans Sainte-Honorine, soit environ 400 000 €. 

 

Donc vous recherchez un financement sous forme de mécénat ?

 

Agnès : oui, nous recherchons le mécénat de 175 000 € (30%) pour la restauration totale de ce remorqueur “le Jacques” qui, après sa restauration complète, devrait s’imposer comme un élément essentiel de l’image du Musée, de la ville, et de l’histoire de la navigation intérieure de notre pays et de ses mariniers.

Dans la recherche des retombées médiatiques proposées aux mécènes, nous avons soumis ce projet aux étudiants de l’école par l’exercice d’une mission d’entreprise permettant ainsi de bénéficier de compétences validées par l’encadrement professoral de l’école. Celui-ci a été retenu par un groupe d'étudiants de 4ème année qui remettra son rapport début Juin.

 

Marc : Oui, nous recherchons ce financement et, en  conséquence, nous faisons référence, pour certains, à l’excellence de nos relations passées, et d’une manière générale à la qualité, la fidélité, l’expérience et l’implication du réseau d’anciens EDC ainsi qu’à notre esprit d’équipe, véritable trait d’union entre  les diplômés, pour nous aider dans ce sens. 

Nous n'avons pas retenu votre structure par hasard, nous avons remarqué que vous partagiez des valeurs proches des nôtres. Nous sommes principalement à la  recherche   de nouveaux mécènes afin de compléter le sauvetage d'un des derniers grands témoins de notre passé fluvial. En contrepartie, nous pouvons vous assurer une bonne visibilité auprès du public, sur les réseaux sociaux, et aussi dans le tissu économique local. Soyez-en toutes et tous, par avance, sincèrement remerciés.

 

En conclusion, qu'est-ce qui vous motive dans cette passion à mener à bien ce projet ?

 

Agnès : Ayant vécu 25 ans sur un bateau de mer amarré au pont de l'Alma, à Paris, j'ai vu depuis mon enfance passer le Jacques avec sa machine à vapeur, tirant des chalands, ou des dragues, ou des refouleurs. Je veux finir de remettre en état le Jacques pour le faire visiter, mais surtout  lui remettre une machine à vapeur pour qu'il puisse naviguer de nouveau.. Je suis également chargé par l'AAMB de m'occuper avec Marc, de la partie commerciale et publicitaire.

  

Marc : Après 14 ans d'absence indépendante de ma volonté, avec l'Association de nos anciens, où pendant plusieurs années j'ai eu l'occasion de manifester un intérêt certain (business-club, repas de promos, tour de France à la voile, etc... ),  j'ai repris contact avec Force EDC Alumni et suggéré un repas de ma promo 65 (étendue à quelques purs et durs ... dont évidemment  ... Agnès), qui n'a pas pu encore  être réalisé, compte tenu de la Covid. 

Agnès m'a bien sûr parlé de son projet, et je comprends sa motivation. 

J'ai vu le remorqueur, j'ai trouvé que c'était un beau bateau, j'ai rencontré des bénévoles de l'association du Musée qui m'ont bien sûr parlé de la Batellerie. J'avoue que je n'avais aucune connaissance dans ce domaine, et j'ai été fasciné par leur passion à perpétuer toutes ces traditions, qui m'a entre autres, permis de découvrir combien ce mode de transport était important et méritait d'être aidé et développé.

D'autant qu'un incident maritime international m'a particulièrement instruit et surtout, impressionné : l'échouage du porte conteneur "Ever Green" dans le canal de Suez : 400 m de long (3 stades de football bout à bout) - 59 m de large - 18 300 conteneurs - 219 000 tonnes - 425 navires bloqués pendant une semaine.

Coût pour l'assureur maritime Eyssautier - Verlingue : 100 milliards de dollars.

 

Et si vous deviez résumer en une phrase pourquoi aider le Jacques ?

 

Agnès et Marc : "AGIR pour le JACQUES" qui deviendrait le premier et SEUL remorqueur FRANCAIS à naviguer avec un moteur à vapeur. 

 

Et bien merci de ces intéressantes informations et bonne chance dans vos recherches et vos attentes.

 

Agnès et Marc : Merci à vous




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